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Dimanche 30 mars 20254ème Dimanche de Carême Laetare !La liturgie de ce quatrième dimanche de carême s’ouvre sur un cri de joie : « Laetare ! Réjouis-toi ! » Pâques est à l’horizon, et le carême nous aura reconduits à la maison de notre Père, comme le fils prodigue dont nous parle l’évangile de ce jour. Chassons loin de nous toute idée d’une vie chrétienne triste et d’un Dieu menaçant, et vivons dans la joie de l’espérance vraie ces deux dernières semaines de carême. La justice de Dieu est bien terrible, dit-on, et l’on doit toujours la craindre. Cela est vrai ; mais pour qui est-elle terrible ? Est-ce pour les enfants qui adorent Dieu, qui l’aiment, qui le servent comme leur Père, qui sont déterminés à ne lui rien refuser, à ne lui déplaire en rien ? Non. Si ces enfants aiment Dieu, Dieu les aime encore plus ; il voit que leurs fautes ne sont point des fautes de malice, mais d’imperfection et de fragilité : au premier regard d’amour et de regret qu’ils jettent sur lui, il les leur pardonne, et s’il a à les en punir, il les en punit dans ce monde d’une manière avantageuse à leur salut. Est-ce pour les pécheurs qui reviennent sincèrement à Dieu que sa justice est terrible ? Non. Ils éprouvent les effets de sa grande miséricorde ; et souvent ils sont traités avec tant de bonté, que les justes mêmes en conçoivent de la jalousie : témoin l’enfant prodigue, témoin Madeleine. La justice divine n’est terrible que pour ceux qui n’ont pas recours à sa miséricorde, soit par présomption, soit par désespoir ; pour ceux qui aiment le péché, qui n’en veulent pas sortir ; pour ceux dont la volonté n’est pas droite, et qui voudraient, s’il se peut, tromper Dieu. Mais jusqu’où doit aller la confiance en Dieu ? Aussi loin que sa puissance et sa bonté, aussi loin que notre faiblesse et notre misère ; c’est-à-dire qu’elle ne doit point avoir de bornes. Aussi, quelque difficile que soit la perfection, il faut y tendre avec assurance, sans s’effrayer ni des difficultés ni des dangers. Mais comme en se regardant en soi-même, on doit toujours se dire : Je ne puis rien ; en regardant Dieu, qui sera notre guide et notre soutien dans toute la route, on doit dire : Je puis tout, et avec sa grâce je viendrai à bout de tout. Jean-Nicolas Grou, Manuel des âmes intérieures Et si cela ne suffisait pas à vous rassurer : La joie est la première en date dans la vie de Jésus, la première occupante de son âme et le fond même de son état de Dieu incarné. Elle est le support de tout le reste de ses états humains, et elle en est aussi la conclusion. La joie est, naturellement et nécessairement, dans l’âme à jamais bénie de Jésus, quelque chose de primordial, de fondamental et d’immuable : la joie est le repos et l’épanouissement de l’être dans la vérité, l’amour et l’harmonie. Tel est l’état de Dieu, son état essentiel. Tel est aussi l’état originel et radical de toutes ses créatures. Charles Gay, Élévation 9
L´Auteur : Grou (Jean-Nicolas, 1731-1803) Né à Calais, Jean-Nicolas Grou entre chez les jésuites à 15 ans. Brillant professeur de lettres, sa rencontre avec la visitandine Pélagie Lévêque l’ouvre à la mystique. La Révolution française l’exile en Angleterre à partir de 1792. Gay (Charles, 1815-1892) Figure exemplaire du retour à l’Église catholique des grandes familles bourgeoises après la Révolution française, Charles Gay sera évêque auxiliaire de Poitiers aux côtés du cardinal Pie. ![]() |