Mercredi 20 novembre 2024

Bienheureuses Marie, Angèle et leurs compagnes

Vierges et martyres (+ 1936)

"Soyez miséricordieux comme votre Père du ciel est miséricordieux." (Lc 6, 36)

Tous veulent recevoir la miséricorde, mais il y en a peu qui veulent la donner. Et toi, de quel front oses-tu demander ce que tu négliges de donner ? Il doit commencer par faire miséricorde en ce monde, celui qui souhaite la recevoir dans le ciel. Aussi, frères très chers, puisque nous voulons tous la miséricorde, prenons-la comme protectrice en ce monde, pour qu’elle nous délivre dans le monde à venir.

Il y a donc une miséricorde sur la terre et une autre dans le ciel, c’est-à-dire l’une, humaine, et l’autre, divine. Comment définir la miséricorde humaine ? C’est que tu prennes garde aux misères des pauvres. Comment définir la miséricorde divine ? Sans aucun doute, c’est qu’elle accorde le pardon des péchés. Tout ce que la miséricorde humaine dépense dans le voyage, la miséricorde divine le rend dans la patrie. Car c’est Dieu qui, en ce monde, souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il l’a dit lui-même : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. Dieu qui, du haut du ciel, veut donner, sur la terre veut recevoir.

Quelle sorte de gens sommes-nous donc, nous qui voulons recevoir lorsque Dieu donne, et qui, lorsqu’il demande, ne voulons pas donner ? Quand le pauvre a faim, c’est le Christ qui est dans l’indigence, comme il le dit lui-même : J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger. Ne méprise donc pas la misère des pauvres, si tu veux espérer avec confiance le pardon de tes péchés. Le Christ a faim maintenant, mes frères, lui-même a voulu avoir faim et soif dans la personne de tous les pauvres ; et ce qu’il reçoit sur la terre, il le rend dans le ciel.

Saint Césaire d'Arles (470-543), Homélie sur la Miséricorde

MÉDITER :

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! nous dit Jésus. La miséricorde de Dieu est plus qu'un exemple à suivre : elle ouvre notre cœur à nos frères et nous rend capables d'être à notre tour miséricordieux envers eux. Notre vie de chrétien aura deux versants : recevoir la miséricorde de Dieu, mais aussi exercer cette miséricorde envers nos frères.

Si la porte de notre cœur est ouverte, la miséricorde y entrera et elle en sortira ; si elle est fermée, elle ne pourra ni entrer, ni sortir. La miséricorde qui entre, c'est celle qui nous vient du ciel ; la miséricorde qui sort, c'est celle que nous répandons sur la terre. La première rend possible la seconde, parce que Dieu seul est amour et peut donner d'aimer.

L´Auteur :

Césaire d’Arles (Saint, 470-543)

Né à Châlons-sur-Saône de parents gallo-romains, Cé­saire part à 20 ans au monastère de Lérins. Ses écrits sur les règles monastiques en feront l’un des pères du monachisme occidental. Diacre, prêtre, puis évêque d’Arles en 502, il doit composer avec les rois wisigoths et ostrogoths, chré­tiens, mais ariens. Défenseur de la foi catholique, il préside à ce titre de nombreux conciles, réforme un clergé relâché, fonde plusieurs monastères féminins, et devient l’homme de confiance du pape pour le sud de la Gaule et l’Espagne. Face aux hérésies pélagiennes, qui attri­buaient à l’homme, même pécheur, une certaine capacité à s’assurer la vie éternelle, Césaire assurera le triomphe de la doctrine de saint Augustin sur l’absolue gratuité du sa­lut. Après l’annexion de la Provence par les Francs en 536, ses excellentes relations avec la famille de Clovis vaudront d’importantes donations aux archevêques d’Arles.