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Mardi 30 décembre 2025 Réapprendre à vivre La prière de ce jour : Délivre-nous, Seigneur, de la loi du péché ! En se faisant l’un d’entre nous, Jésus nous rétablit dans la communion de vie avec Dieu, et c’est la grâce de Noël ; il nous reste à en profiter : comme un convalescent après des mois d’hôpital, nous devrons réapprendre à vivre, et c’est toute la question du progrès dans la vie chrétienne. Dieu ne nous montre pas à la fois toutes nos misères ; cette vue nous désespérerait, et nous n’aurions pas la force de la porter ; mais il nous découvre d’abord ce qu’il y a de plus grossier ; et, à mesure que nous nous corrigeons, il nous fait voir des défauts plus subtils et plus délicats ; il en vient enfin jusqu’aux moindres atomes. Cela dure toute la vie : trop heureux encore si nous parvenons avant la mort à la pleine connaissance et à l’entière guérison de nos maux ! Le plus difficile, c’est toujours le démarrage, comme en bicyclette ! Mais une fois en route, Le point capital est de marcher toujours à la faveur de la lumière divine ; d’être bien convaincu que, pour peu qu’on s’en écarte, on s’égarera ; de se défier de son propre esprit, de son propre jugement, de ses réflexions, et de se conduire en tout par l’esprit de Dieu ; d’attendre son jugement, et de tenir le nôtre suspendu jusqu’à ce qu’il l’applique et le dirige. Oh ! que cette pratique est rare, et qu’elle demande une grande fidélité à mourir à soi-même ! Mais aussi que d’erreurs on évite, que de fautes on s’épargne, que de progrès on fait dans la perfection ! La route s’annonçant assez longue, le risque majeur est le découragement, même quand on a pris au sérieux sa vie chrétienne. En cas de chute, Le fidèle ne se trouble point de ses fautes, il s’en humilie, se relève et n’y pense plus. Il ne s’étonne point de ses faiblesses, de ses imperfections ; il ne se décourage jamais. Il sait qu’il ne peut rien, mais que Dieu peut tout. Il ne compte pas sur ses bons propos et ses résolutions, mais sur la grâce et sur la bonté de Dieu. Quand il tomberait cent fois le jour, il ne se désolerait pas ; mais il tendrait amoureusement les mains à Dieu, le priant de le relever et d’avoir pitié de lui. Le vrai fidèle a horreur du mal, mais il a encore plus d’amour du bien. Il pense plus à pratiquer la vertu qu’à éviter le vice. Il est généreux, magnanime, et, lorsqu’il s’agit de s’exposer pour son Dieu, il ne craint pas les blessures. Il aime mieux, en un mot, faire le bien, au risque d’y commettre quelque imperfection, que de l’omettre pour éviter le danger de pécher. Rien n’est plus aimable dans le commerce de la vie qu’un vrai dévot. Il est simple, droit, ouvert, sans prétention, doux, prévenant, solide et vrai. Qu’on dise ce qu’on voudra, la vraie dévotion n’est point triste, ni pour elle-même ni pour les autres. Jean-Nicolas Grou, Manuel des âmes intérieures
L´Auteur : Grou (Jean-Nicolas, 1731-1803) Né à Calais, Jean-Nicolas Grou étudie au collège Louis-le-Grand, place-forte des jésuites à Paris, et entre à 15 ans au noviciat de la Compagnie. Il y deviendra un brillant professeur de lettres au prestigieux collège de La Flèche (sa traduction de Platon reste un classique). Grou s’exilera en Lorraine lors de la suppression de la Compagnie en 1763. De retour à Paris, sa rencontre avec la mystique visitandine Pélagie Lévêque l'oriente définitivement vers la vie intérieure, dans une voie spirituelle très salésienne. Il se partagera désormais entre la direction spirituelle et l'écriture, notamment en Angleterre, où la Révolution le force à un nouvel exil à partir de 1792. Humaniste du XVIIIe siècle, Grou est à la fois un philosophe, un controversiste, un apologiste, un moraliste et un maître spirituel. Son enseignement culmine dans le Manuel des Âmes intérieures, recueil d’une soixantaine d’entretiens publié par ses disciples, au succès constant dans toute l’Europe jusque vers 1950. Rédigé dans une langue superbe, on y reconnaît la tradition salésienne de l’abandon, une extrême finesse d’analyse psychologique, et la sensibilité spirituelle d’un très grand contemplatif. ![]() |