Mardi 23 décembre 2025

Un Dieu de miséricorde

La prière de ce jour :

Dieu éternel et tout-puissant, que ton Fils qui s'est lié pour toujours à notre humanité, montre ta miséricorde aux pauvres serviteurs que nous sommes !

Comment cela, de « pauvres serviteurs «  ! Mais oui, et ce n’est pas une mauvaise nouvelle : l’obstacle est que nous pensons que Dieu est comme nous, et qu’il ne fait miséricorde qu’à ceux qui en sont dignes. Mais si nous en étions dignes, nous n’aurions pas besoin de sa miséricorde !

Le trône de la miséricorde de Dieu, c’est notre misère : il faut donc, d’autant que notre misère sera plus grande, avoir une plus grande confiance, car la confiance est la vie de l’âme. Otez-lui la confiance, vous lui donnez la mort.

Saint François de Sales, Vrais entretiens spirituels

Au jour de notre baptême, nous n’avons pas fait profession de mériter quoi que ce soit, mais profession de foi, de confiance, car c’est gratuitement, c’est par grâce, que Dieu nous donne sa vie éternelle.

Mais, direz-vous, à quoi servent donc nos bonnes œuvres ? À quoi ? À nous obtenir la grâce d’une plus grande confiance et espérance en Dieu seul : voilà tout l’usage que faisaient les saints de leurs grandes œuvres. Elles sont, disaient-ils, si gâtées et si corrompues par notre perversité que, si Dieu nous jugeait par là à la rigueur, nous mériterions plutôt des châtiments que des récompenses.

Ne me parlez donc plus de bonnes œuvres pour avoir de quoi s’appuyer à la mort, ne me parlez que de la miséricorde de Dieu, des mérites de Jésus-Christ, de l’intercession des saints, des prières des bonnes âmes, mais non pas de la moindre chose qui fasse sentir qu’on s’appuie sur soi-même, sur ses œuvres, qu’on y met sa confiance.

Le grand mal, c’est que notre amour-propre se fourre partout, se mêle de tout et gâte tout.

Jean-Pierre de Caussade,
Lettre à Sœur Bourcier de Monthureux

Heureusement,

La miséricorde de Dieu vient partout à notre rencontre : elle a inspiré la volonté de la confession du fils prodigue, et « tandis qu’il était encore loin, nous dit l’évangile, le père le vit et fut touché de miséricorde ; il courut vers lui, se jeta à son cou et l’embrassa. » Ces paroles semblent montrer que le père était plus pressé de donner son pardon à son fils, que celui-ci ne l’était de le recevoir : se hâtant de libérer le coupable du tourment de sa conscience, il semble que la compassion de sa miséricorde lui fût plus douloureuse que la passion du remords ne l’était au misérable.

Guerric d’Igny, Sermon pour le carême

Telle est, en effet, la grandeur de la miséricorde de Dieu qu’il est plus prompt à pardonner tous les crimes d’un pécheur sincèrement repenti, qu’un immense foyer n’est disposé à consumer une poignée d’étoupes ou un léger tissu qu’on y jette. Entre la bonté de Dieu, en effet, et le pécheur pénitent, il n’y a ni temps, ni intermédiaire d’aucune sorte. Et l’intimité qui s’établit aussitôt entre Dieu et ce pénitent est aussi parfaite que s’il n’y avait jamais eu de péchés commis.

Institutions taulériennes

L´Auteur :

François de Sales (saint, 1567-1622)

Noble savoyard, évêque de Genève-Annecy, François de Sales réforma son diocèse dans l’esprit du Concile de Trente. Il ramena au catholicisme le nord de la Savoie, éduqua les âmes à travers son Introduction à la vie dévote, et inaugura une nouvelle forme de vie consacrée en fondant la Visitation avec Jeanne de Chantal.

Caussade (Jean-Pierre de, 1675-1751)

Issu d’une famille noble, entré chez les jésuites à Toulouse, Jean-Pierre de Caussade enseigne dans de nombreux collèges du midi de la France, avant d’en parcourir aussi le nord et l’est comme missionnaire.

Guerric d’Igny († 1157)

Né à Tournai, compagnon de saint Bernard, abbé d’Igny, près de Reims, Guerric représente la première génération du renouveau cistercien de la vie monastique occidentale.

Institutions taulériennes (XIV e siècle)

Il s’agit d’un recueil de textes d’auteurs souvent non identifiés de la tradition rhéno-flamande, longtemps attribué à Tauler.