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Jeudi 6 novembre 2025« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! »« Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45), et il donne à tous les vivants « en son temps leur nourriture » (Ps 104, 27). Jésus nous enseigne cette demande : elle glorifie en effet notre Père parce qu’elle reconnaît combien il est Bon au-delà de toute bonté. « Donne-nous » est encore l’expression de l’Alliance : nous sommes à Lui et il est à nous, pour nous. Mais ce nous le reconnaît aussi comme le Père de tous les hommes et nous le prions pour eux tous, en solidarité avec leurs besoins et leurs souffrances. Cette demande et la responsabilité qu’elle engage, valent encore pour une autre faim dont les hommes dépérissent : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4), c’est-à-dire sa Parole et son Souffle. Il y a une faim sur la terre, « non pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais d’entendre la Parole de Dieu » (Am 8, 11). C’est pourquoi le sens spécifiquement chrétien de cette quatrième demande concerne le Pain de Vie : la Parole de Dieu à accueillir dans la foi, le Corps du Christ reçu dans l’Eucharistie. Catéchisme de l’Église catholique, n° 2828 à 2835 Que va-il m’arriver ? Mais, direz-vous, que deviendrai-je après ceci ou cela ? Le voici : je n’en sais rien et je n’en veux rien savoir, car je serais bien fâchée de me tirer de cet heureux état d’abandon qui me fait vivre dans une entière et absolue dépendance de Dieu. Vivre au jour la journée, heure à heure, moment à moment, sans m’embarrasser de tout l’avenir, ni du jour de demain. Demain aura soin de lui-même : le même qui nous soutient aujourd’hui nous soutiendra demain par sa main invisible. La manne du désert n’était donnée que pour le jour présent : quiconque, par défiance ou par une fausse sagesse, en ramassait pour le lendemain, la trouvait corrompue. Ne nous faisons pas, par notre industrie et par notre prévoyance inquiète et aveugle, une providence aussi fautive que celle de Dieu est éclairée et pleine d’assurance. Comptons uniquement sur ses soins paternels, abandonnons-nous-y entièrement pour tous nos intérêts temporels, spirituels et mêmes éternels. Voilà le vrai et total abandon qui engage Dieu à avoir soin de tout, à l’égard de ceux qui lui abandonnent tout pour honorer ainsi en esprit et en vérité son souverain domaine, sa puissance, sa sagesse, sa bonté, sa miséricorde et toute ses infinies perfections. Amen, amen. Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), Lettre 19
MÉDITER LE NOTRE PÈRE Le chrétien vit l’aujourd’hui de Dieu. L’inquiétude ne porte jamais que sur ce qui pourrait « peut-être » arriver, mais qui n’est pas réellement présent. Dès lors, nous dirait saint François de Sales, « ne prévenez point les accidents de cette vie par appréhension, mais prévenez-les par une parfaite espérance qu’à mesure qu’ils arriveront, Dieu, à qui vous êtes, vous en délivrera. » (Lettre de 1619) La vraie providence est celle de Dieu, tout entière gouvernée par son amour inconditionnel pour nous ; la fausse est faite des précautions que nous prenons contre la volonté de Dieu, non pas tant pour nous y opposer que pour la contourner et nous mettre à l’abris de ce qu’elle pourrait avoir de trop exigeant. Comme si Dieu ne nous donnait pas jour après jour ce qu’il nous demande jour après jour. L’abandon à la providence est extrêmement raisonnable : elle mise sur cette certitude de la grâce de Dieu, qui permet d’envisager l’avenir en sachant que de toute façon « tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu ». (Ro 8, 28) VIVRE LE NOTRE PÈRE Je relis la semaine écoulée : quelles étaient mes appréhensions avant qu’elle ne se déroule, et comment la Providence a-t-elle dénoué les situations par des voies que je n’aurais pas imaginées ? L´Auteur : Caussade (Jean-Pierre de, 1675-1751) D’une noble famille du Quercy, il étudie chez les jésuites de Cahors avant d’entrer dans la Compagnie. Il y sera professeur, prédicateur et directeur spirituel. Proche de Fénelon et de la tradition salésienne, il représente leur ligne mystique au moment où le jansénisme commence à étouffer l’âme française. ![]() |