Mercredi 17 décembre 2025

Vivre Dieu !

La prière de ce jour :

Que ton Fils unique, Seigneur, nous donne part à sa vie divine !

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » : tel est le résumé de la foi chrétienne pour saint Athanase, au IVe siècle. Mais nous en restons souvent à la moitié du mystère, affirmant l’incarnation de Dieu, mais oubliant notre vocation divine. Car ce qui a commencé en Jésus et que nous célébrerons dans huit jours, continue maintenant en tous ceux qui laissent Jésus s’emparer de leur humanité. « Nous sommes le corps du Christ… » (I Co 12) ; « Je suis la vigne, nous dit Jésus, vous en êtes les sarments… » (Jn 15) ; « Vous partagez la nature divine… » (II Pi 1) : le Nouveau Testament ne cesse d’insister sur le lien vital que Jésus établit entre lui et nous, et qui, littéralement, nous divinise :

Ainsi donc, mon Jésus, vous êtes plus que mon frère, plus que mon ami, plus que mon époux, vous êtes la vie de ma vie, l’esprit de mon esprit et le cœur de mon cœur ; vous êtes plus moi que moi, comme la source est le ruisseau plus que le ruisseau lui-même. Cette union dépasse l’ordre humain. Après l’unité ineffable des trois personnes divines, après l’inexprimable union dans laquelle subsiste maintenant votre personne incarnée, ô Verbe unique du Père, il n’y a rien de si un que vous et l’âme adoptée. Je suis bien plus l’enfant de Dieu que celui de mon père et de ma mère. Je n’ai été créé, et dès lors vous ne m’avez fait naître d’eux en ce monde que pour m’enfanter vous-même, ô Dieu, à la grâce ici-bas et là-haut à la gloire. À mille titres, je suis plus fils de Dieu que fils de l’homme ; et s’il arrive que, sur le terrain de la vie d’à présent, ces deux générations luttent l’une contre l’autre, la vôtre, ô mon Dieu, l’emportera toujours, et je n’oublierai jamais qu’ayant un père et une mère sur cette terre, je n’ai pourtant et définitivement qu’un Père, le Père de mon père et de mes pères, mon Père qui est dans les cieux.

Mais si Dieu nous a destinés à partager sa condition divine, il fait partie de cette condition que nous l’acceptions librement : Dieu fait tout dans la vie chrétienne, mais il ne fait rien sans notre consentement. Et pour autant,

La grande tâche ici est de laisser faire Jésus ; lui seul est chargé de mener sa vie propre ; lui seul en a la puissance ; il entend continuer maintenant dans ses membres la vie que, par amour pour Dieu et pour nous, il a menée ici-bas dans son humanité personnelle ; ses membres n’ont pour cela qu’à adhérer à lui fermement et fidèlement, à se maintenir en lui, détachés, pauvres et purs d’eux-mêmes, consentant à tous ses desseins, se livrant à toutes ses influences, suivant tous ses mouvements, agissant dans sa dépendance. Le principal et, si l’on peut ainsi dire, tout le positif de cette œuvre est spécialement l’affaire de Jésus ; sa grâce nous aide toujours à nous omettre et à nous nier pratiquement pour le laisser opérer en nous, avec nous et par nous.

Charles Gay, 124e élévation sur la vie et la doctrine de NSJC

L´Auteur :

Gay (Charles, 1815-1892)

Né à Paris dans une famille bourgeoise aisée, Charles Gay sera élevé dans l’indifférence religieuse des lendemains de la Révolution. Les rencontres du Père Lacordaire et de Frédéric Ozanam l’orienteront vers le sacerdoce qu’il reçoit en 1845. Tenté par la vie monastique, il sera finalement appelé à Poitiers par le futur cardinal Pie, qui en fera son principal collaborateur, notamment dans la préparation du concile Vatican I, puis son évêque auxiliaire. Musicien lié à Charles Gounod, prédicateur lié au Père Lacordaire, formateur d’âmes lié au Père Libermann, Mgr Gay fut à coup sûr l’un des grands acteurs de la résistance spirituelle à la laïcisation de la France du XIXe S.

Charles Gay laisse une œuvre très abondante, dont se détachent ses Élévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui classent leur auteur parmi les plus grands spirituels de son siècle.