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Jeudi 21 novembre 2024 Fête de la Présentation de la Vierge Marie Marie, nouvelle Ève Réjouis-toi, Adam, notre père ! Et toi, Ève, notre mère, exulte plus encore ! À tous, vous nous avez donné la vie, mais à tous, vous nous avez donné la mort, et le pire est que vous nous donnez la mort avant même de nous donner la vie ! Mais consolez-vous tous deux à cause de votre fille, et d’une telle fille ! Toi surtout, Ève, d’où le mal est venu d’abord, et dont la honte est passée à toutes les femmes. Voilà le temps où cette honte va être enlevée, et où l’homme n’aura plus rien à reprocher à la femme, lui qui, cherchant à s’excuser maladroitement, n’a pas tardé à l’accuser en disant : « La femme que tu m’as donnée m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé ! » Dès lors, Ève, accours vers Marie ! Accours, mère, vers ta fille : la fille répondra pour la mère, elle enlèvera sa honte, elle paiera au Père la rançon de sa mère, car si l’homme est tombé à cause de la femme, c’est par la femme qu’il sera relevé. Qu’as-tu dit, Adam ? Voilà qu’une femme prend la place d’une autre femme, une prudente celle d’une insensée, une humble celle d’une orgueilleuse : pour un arbre qui donnait la mort, elle te fait goûter la vie, et pour une nourriture empoisonnée et amère, elle met au monde un fruit de vie éternelle. Change donc ton injuste accusation en action de grâce, et dis : « Seigneur, la femme que tu m’as donnée m’a donné du fruit de l’arbre de vie, et j’ai mangé ; et il est devenu dans ma bouche plus doux que le miel, car en lui tu m’as fait vivre. » Saint Bernard (1090-1153), Louanges de la Vierge Mère, 2e homélie, 3 MÉDITER :
Dans toute la tradition chrétienne, Marie est au point de départ de la nouvelle humanité vivant de la grâce, comme Ève fut au point de départ de l’ancienne mourant de par le péché. De même, le nouvel arbre de vie est l’arbre de la croix, au point que l’iconographie chrétienne ancienne place le Calvaire à l’endroit de la sépulture d’Adam. Cette double appartenance à la mort et à la vie éternelle définit la situation du chrétien : il passe sur cette terre périssable, mais pour aller au-delà et connaître avec le Christ la gloire de la condition divine. C’est par la femme que l’homme sera relevé. Marie n’aura pas été qu’une mère d’emprunt pour Dieu : elle a toute la responsabilité de l’Incarnation, autant que Dieu lui-même, et sa maternité s’exerce aujourd’hui sur nous autant que sur Jésus, du fait de l’union indissoluble entre lui et nous. Si bien que pour nous, le fruit de l’arbre de vie, c’est désormais Jésus lui-même, qui nous est donné à manger dans l’eucharistie, nourriture de vie éternelle. L´Auteur : Bernard (Saint, 1090-1153) De noble famille bourguignonne, Bernard entre au monastère de Cîteaux en 1112. Bientôt abbé de Clairvaux, il est à l’origine d’un prodigieux renouveau monastique en Occident (celui des Cisterciens), caractérisé par l’attachement à la sobriété primitive de la règle de saint Benoît. Arbitre des conflits politiques, intellectuels et religieux de son temps, saint Bernard fut d’abord un immense mystique, dont l’influence, conjuguée à celle de saint Augustin, dominera la suite de la littérature chrétienne. |