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L’exemple de Jésus.

L’exemple de Jésus se retirant sur la montagne est une leçon. Si nous voulons, nous aussi, prier Dieu d’un coeur pur et entier, retirons-nous, nous aussi, du trouble et de l’agitation des foules, pour pouvoir, au moins en partie, mener, tout en étant dans ce corps, une vie quelque peu semblable à la béatitude promise aux saints dans l’éternité, et que pour nous Dieu soit tout en toute chose. Alors sera parfaitement accomplie en nous cette prière de notre Sauveur à son Père pour ses disciples : « Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et eux en nous » ; et encore : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; qu’eux aussi soient un en nous ! »

Cela sera lorsque tout amour, tout désir, toute application, tout effort, toute pensée de notre part, tout ce que nous vivons, disons, respirons, sera Dieu, et que cette unité qui subsiste maintenant entre le Fils et le Père aura été transfusée en notre sens et en notre esprit. Autrement dit, de même que Dieu nous aime d’une charité sincère, pure et indissoluble, nous nous unirons à lui d’une dilection perpétuelle et sans faille, qui nous attachera à lui au point de ne respirer, comprendre et parler que Dieu… Telle est la fin de toute perfection : que l’esprit libéré de tout ce qui est charnel soit constamment élevé à ce point aux réalités spirituelles, que toute sa vie, tout mouvement de coeur, devienne une unique et constante prière.

Jean Cassien († vers 440 ?), Conférences I, 5-8 et X, 6-7

 

La prière de Jésus modèle celle du chrétien. On pourrait penser que Jésus n’avait pas besoin de prier ; or, il passe des nuits entières à cela. Et cela nous montre que la prière est l’activité humaine la plus normale, la plus centrale et la plus indispensable qui soit.

Que pour nous Dieu soit tout en toute chose : c’est dans cette communion de vie avec lui que s’unifie notre personnalité ; il faut ne faire qu’un avec Dieu pour être unifié en soi-même. Or, cette union se fait par le plus profond de nous-mêmes, par le cœur : c’est par là que Dieu entre en nous, et c’est de là que proviennent toutes les puissances de notre âme, c’est-à-dire notre capacité à connaître, à vouloir et à agir. Aussi le recueillement, mouvement de l’âme vers son centre, est-il pour l’homme à la fois celui de la recherche de Dieu et celui de la construction de soi-même : « Que je me connaisse, Seigneur, et je te connaîtrai ! », disait saint Augustin. C’est dans le recueillement que l’homme se reçoit de Dieu, tout comme il se disloque dans la dispersion, dans le trouble et l’agitation des foules.

Alors l’unité divine, celle de la Trinité, se transfuse en nous. Et parce que nous vivrons divinement, nous vivrons charitablement : la charité n’est pas « faire » ceci ou cela au profit des autres, mais être ce que Dieu est pour eux, les aimer comme il nous aime. En nous invitant à cet équilibre surnaturel, Cassien ne nous propose pas un retrait loin du monde pour cultiver orgueilleusement de sublimes sentiments, mais un branchement à la source même de la vie et de l’amour, dont nous regorgerons au profit de nos frères en même temps que de nous-mêmes : ne respirer, comprendre et parler que Dieu.

Cassien (saint Jean, 350 ?-430 ?)
Peut-être né en Provence, d’une famille riche, Cassien fréquente très jeune les ermites de Palestine et d’Égypte. En 403, il est à Constantinople, disciple de saint Jean Chrysostome qui l’ordonne diacre. Revenu en Provence, il y fonde deux monastères, qui regrouperont jusqu’à 5000 moines et moniales. Il rédige pour eux ses Conférences, qui inspireront toutes les règles monastiques et religieuses d’Occident, de saint Benoît jusqu’à nos jours.